INTERVENTION
- Intervenante du groupe Tavini Huiraatira : Mme Éliane TEVAHITUA
- Rapport n° 45-2019 du 27/05/2019
- Lettre n° 2280/PR du 05/04/2019
- Temps de parole : 10 mn
- Consigne de vote : FAVORABLE
DOCUMENTS
SESSION ADMINISTRATIVE – 4E SÉANCE DU 06/06/2019
Rapport relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier de l’exercice 2018 de l’établissement public administratif dénommé « Fare Tama Hau » et affectation de son résultat
Monsieur le président,
Nous notons que, année après année et malgré l’augmentation exponentielle des activités et patientèle du Fare Tama Hau, celui-ci ainsi que ses annexes déconcentrées ne disposent que du minimum vital pour assurer ses missions de coordination, de prévention et de prise en charge médicale, sociale et pédagogique afin de « protéger et aider les enfants, les adolescents et leurs familles ».
A ce jour comme les années précédentes, cet établissement public est dans l’incapacité, faute de moyens supplémentaires, de répondre aux sollicitations émanant du proviseur et des principaux des établissements scolaires de Taravao, Hitiaa, Papara et Mataiea où 25 000 enfants et adolescents sont scolarisés.
Ces directeurs font état « de cas de violence, de difficultés » réguliers au sein de leurs établissements, confirmés par les professionnels de santé.
De son côté, la mission d’évaluation de la médecine scolaire de notre assemblée, qui a auditionné en 2018 les personnels de l’éducation et de la santé, n’avait pas elle non plus manqué de signaler :
- – Les conditions socio-économiques des familles défavorisées où « certains parents ont abandonné ou exerce avec difficultés leurs responsabilités parentales » ;
- – Les problèmes liés à la promiscuité dans certains foyers et à la violence intrafamiliale ;
- – Les problèmes de malnutrition et de mauvaise hygiène de vie des adolescents ;
- – Et la souffrance morale des jeunes « scolarisés notamment dans l’enseignement professionnel et les centres de jeunes adolescents », et qui les font figurer « en bonne place dans les statistiques du centre de consultations spécialisées d’alcoologie et de toxicomanie de la Direction de la Santé ».
Sans que ces problématiques ne soient prises en compte par le gouvernement. Cette année encore comme les années précédentes, le Fare Tama Hau n’est pas en mesure de répondre aux besoins de ces adolescents en détresse de la presqu’île, faute de moyens supplémentaires mis à sa disposition.
Ainsi, son projet de mettre en place une équipe mobile « basée au niveau de la maison de l’enfance de Taravao » avec « un infirmier, un éducateur spécialisé, un agent social » dotée d’une voiture est resté au stade de projet.
Si certains doutent encore de l’utilité de cette équipe mobile préventive du Fare Tama Hau, je les invite à faire un tour au foyer d’action éducative de Outumaoro !
Car c’est là qu’aboutissent les mineurs en difficulté adressés par la justice et « dont les manifestations délinquantes résultent de leur situation sociale et absolument pas de troubles psychiques ».
En 2018, 26 jeunes dont 8 filles et 18 garçons âgés entre 14 et 17 ans ont été prie en charge par ce foyer contre 21 en 2017. 15 jeunes font l’objet d’une procédure judiciaire au civil et 11 jeunes d’une procédure au pénal. Parmi ces derniers, trois ont été incarcérés.
L’équipe pédagogique de cet établissement estime dans son rapport d’activité que l’année 2018 « a encore été une année difficile » avec des jeunes qui « multiplient les passages à l’acte, n’ont de respect ni pour eux, ni pour les adultes en charge de leur situation » et avec qui « la parole éducative n’est pas entendue ».
Elle constate que « depuis quelques années et plus encore en 2018, le foyer a été sollicité à nouveau, à plusieurs reprises pour accueillir des jeunes dont le profil ne correspond pas aux missions de l’établissement, mais relève davantage d’une prise en charge en structure de soins.
Il s’agit de mineurs(es) rejetant toute forme d’institution (famille, établissement éducatif, école, professionnels de santé et de l’action sociale) ».
Le rapport note que « Ces jeunes, dont la réelle problématique reste l’abandon, n’ont comme mode de communication que le passage à l’acte pour interpeller les adultes, « les parents ».
Ils présentent de réelles et multiples carences affectives, éducatives et psychologiques, ayant été livrés à eux mêmes, « abandonnés ».
Ils n’ont aucune limite et sont dans une toute puissance d’action.
Ils sont les victimes des dysfonctionnements intrafamiliaux. »
C’est pour éviter que nos jeunes n’arrivent dans ce genre de foyer qu’il est important, Monsieur le ministre de la santé, que le coût de cette équipe mobile du Fare Tarna Hau, à défaut d’avoir été budgétisé en 2019, le soit au budget 2020.
Il en coûtera aux deniers publics 22 millions par an.
C’est moins que les 29 millions consacrés aux festivités du 29 juin et dépensés en un jour, ne vous en déplaise.
Mais 22 millions qui vont éviter à des jeunes de devenir délinquants.
Pouvons-nous compter sur vous, Monsieur le ministre, pour faire aboutir et inaugurer ce projet si utile ?
Quant aux maires et leurs conseils municipaux, ils ne sont pas en reste pour réclamer au Fare Tama Hau l’ouverture de nouvelles maisons de l’enfance, notamment sur la côte Est et dans la zone de Papara-Mataiea.
Et depuis cette année, le conseil municipal de Punaauia, commune déjà dotée d’une maison de l’enfance, réclame la création d’une seconde maison de l’enfance à Outumaoro un secteur de Punaauia où vivent de nombreuses familles défavorisées venant des îles et siège récurrent de phénomènes de violences et de trafics illicites.
Monsieur le ministre, le gouvernement envisage-t-il de créer ces maisons de l’enfance ?
Pour conclure, le groupe Tavini Huiraatira votera favorablement le compte financier 2018 de cet établissement public en espérant, Monsieur le ministre, que vous leur donnerez les moyens supplémentaires pour faire face aux demandes multiples qu’il reçoit.
Mme Éliane TEVAHITUA