INTERVENTION
- Question écrite adressée à M. Jacques RAYNAL Ministre des solidarités et de la santé, en charge de la réforme de la protection sociale généralisée, de la prévention et de la famille (MSS)
- Objet : Vétusté de la maternité de l’hôpital d’Uturoa
DOCUMENTS
Monsieur le ministre, Ia ora na,
Les réseaux sociaux se sont faits l’écho récemment de l’état de vétusté et d’insalubrité dans lequel se trouve l’unique maternité des Îles sous le vent située à l’hôpital d’Uturoa à Ra’iatea.
Cette situation préjudiciable à la qualité des soins prodigués à notre population ne peut me laisser insensible en qualité de membre de la commission législative de la santé à l’assemblée et d’ancienne professionnelle de santé périnatale.
En effet, une habitante de Ra’iatea se plaignait photos à l’appui via les réseaux sociaux des conditions d’hébergement délétères auxquelles les accouchées et leurs nouveau-nés sont confrontés quotidiennement à la maternité d’Uturoa, comme en atteste le témoignage suivant : « Déjà en salle d’accouchement pendant le travail on a eu la visite des cancrelats. Ensuite, bébé et sa maman vont dans leur chambre qui leur a été préparée, la salle d’eau vraiment crado, je veux dire toute la pièce… Non, seulement la chambre exposée à la station d’épuration, tu ouvres la porte et tu as la vue sur cette merde, obligé d’ouvrir la porte tellement il fait chaud et tu as les odeurs du parfum « La MERDE ». Il y a trois semaines de cela, ma fille ayant été hospitalisée, était à deux doigts de recevoir des carreaux plantés dans le pied. Encore mieux les moustiques il y en avait. Ce qui m’énerve dans tout ça, lorsque la santé fait de la prévention pour l’insalubrité, les gîtes à moustiques. Attention en ce moment il y a des cas de dengue, de grippe. Ils font la morale aux familles, je ne dis que ce n’est pas un bien, mais il faut commencer par le ministère de la santé.La maternité est dans un état insalubre. C’est désespérant de recevoir des nouveaux nés dans un état malsain. ». Loin d’être un cas isolé, des patientes se seraient plaintes à maintes reprises de l’état de décrépitude avancée desdits locaux (traces d’humidité, carreaux décollés ou encore traces d’infiltrations d’eau,etc.) tel que relaté par la chaîne télévisée locale TNTV sur son site internet. Les témoignages du personnel hospitalier, du directeur, de l’équipe médicale et soignante convergent dans ce sens.
En dépit des multiples signalements portés à la connaissance des autorités sanitaires du pays, notamment celui consécutif aux conclusions de la commission Qualité d’août 2016 qui qualifiait les chambres de la maternité, d’insalubres, force est de constater que ces demandes sont restées lettre morte.
Confronté à cette inertie, le personnel hospitalier d’Uturoa a dû se résigner à utiliser ces locaux en l’état. Comme l’affirmait une sage-femme, « On est obligé car si on les fermait, cela nous ferait huit lits en moins, et on ne pourrait plus répondre à l’activité obstétricale des îles sous le vent ».
Effectivement 400 à 500 femmes accouchent chaque année dans cette maternité de niveau 2.
Monsieur le ministre, dès votre prise de fonction vous avez été prompt à réagir à cette situation en vous déplaçant en personne à l’hôpital d’Uturoa afin de constater de visu l’état de vétusté de la maternité et l’impérieuse nécessité de réaliser urgemment des travaux de rénovation et de remise aux normes.
Tout en maintenant l’activité obstétricale de la maternité, pouvez-vous nous préciser le montant des budgets mobilisés pour remédier rapidement à cette situation ainsi que les délais de réalisation et de livraison desdits travaux ?
Par ailleurs, j’attire votre attention sur le fait que l’hôpital d’Uturoa était censé rejoindre la communauté hospitalière publique résultant du regroupement des hôpitaux de Taaone, Uturoa, Taravao et Taiohae [Axe 1.3. du Schéma d’Organisation Sanitaire (SOS) 2016 – 2024 voté par l’assemblée en février 2016] ; la constitution de cette entité unique étant normalement programmée dès la promulgation du SOS au Journal Officiel de la Polynésie française.
Il était également prévu que l’ensemble des moyens financiers et humains actuellement déployés sur les 3 établissements hospitaliers de la Direction de la Santé soit transféré à cette nouvelle entité en 2017.
Nous devons nous résoudre à constater qu’un an après son adoption par l’assemblée en février 2016, l’unification du Service hospitalier public polynésien n’est toujours pas à l’œuvre de même que la mutualisation des ressources financières et humaines de nos hôpitaux publics qui demeure un vœu pieux !
Monsieur le ministre, au-delà des discours incantatoires de votre prédécesseur, comment comptez-vous concrètement faire advenir les recommandations du SOS 2016 – 2024 ?
Je vous remercie sincèrement des réponses que vous ne manquerez pas de m’apporter.
Mme Éliane TEVAHITUA