Lettre ouverte au Président de la Polynésie
- Lettre ouverte adressée à M. Édouard FRITCH, président de la Polynésie française
- Objet : Proposition permettant d’assurer une meilleure gestion de l’épidémie de la COVID-19 en Polynésie
Monsieur le Président,
Pour faire suite à ma lettre ouverte en date du 10 novembre, je vous prie de trouver ci-jointe une liste de propositions pour lutter efficacement et rapidement contre la propagation de la COVID-19 dans notre pays et ainsi empêcher le confinement de toute notre population.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée.
Mme Éliane TEVAHITUA
Taraho’i le 12 novembre 2020
PROPOSITIONS PERMETTANT UNE LUTTE EFFICACE ET RAPIDE CONTRE
LA PROPAGATION DE LA COVID-19 EN POLYNESIE FRANCAISE
Les données épidémiologiques sont extrêmement préoccupantes :
- 11 316 polynésiens ont officiellement contracté le virus depuis le 13 mars 2020. Les conséquences à long terme sur les patients qui ont contractés puis guéris de la COVID-19 commencent tout juste à être identifiées en particulier la persistance de fatigue permanente, des maladies neurologiques graves, des douleurs articulaires, des difficultés de mémorisation qui peuvent réapparaître des mois après contracté le virus;
- En moyenne on enregistre dans le meilleur des cas, 2 000 contaminations à la COVID-19 par semaine.Si la tendance se poursuit, ce qui semble être très probable, à la fin de l’année, 8 X 2000 = 16 000 cas supplémentaires de contamination à la COVID-19 seront à comptabiliser. Ils viendront se rajouter au 11 000 précédemment comptabilisés ;
- 868/100 000 habitants c’est le taux d’incidence du virus. La Polynésie a le taux d’incidence le plus élevé au monde derrière la Belgique, la Slovénie et Andorre ( source : Épidémiologiste de l’OMS,
missionné en Polynésie). - 52 décès, c’est-à-dire en moyenne 10-12 décès par semaine. Si cette tendance se poursuit à la fin de l’année 2020, la Polynésie aura enregistrée 96 décès supplémentaires ;
- 70 % des Polynésiens sont en surpoids – 40 % sont obèses : 110 000 polynésiens sont obèses
- 22 % des Polynésiens sont diabétiques : 45 000 personnes
La conjonction de ces facteurs et ces tendances épidémiologiques qui ne semblent pas s’infléchir laissent présager d’une catastrophe sanitaire.
Quelles mesures doivent être prises en urgence ?
Priorité 1 : Un dépistage massif et rapide de l’ensemble de la Population polynésienne dans l’ensemble des archipels en donnant toutefois la priorité aux îles où se concentre la majorité de la Population : Tahiti et Moorea (75 %).
Qui dépister ? les 277 000 polynésiens qu’ils présentent ou non les symptômes adultes et enfants scolarisés sur la base du volontariat.
Où dépister ? Des centres de tests seront installés au plus près des populations dans les îles éloignées, les communes et les quartiers :
- Élèves dans leurs établissements scolaires respectifs sous la supervision des directeurs d’établissements et des professeurs principaux respectifs et des instituteurs respectifs en associant les associations de parents d’élèves et délégués parentaux.
- Sur les lieux de travail, en particulier dans les grandes entreprises publiques et privées et services administratifs du pays.
- Dans les communes, développer une action coordonnée entre les mairies, les confessions religieuses une approche par quartier ou par arrondissement afin que les habitants des quartiers n’aient pas à se déplacer et s’agglutiner.
Salles omnisports ;
Mairies ;
parking des grandes surfaces ;
Fare amuira’a ;
Paroisses ;
Églises ;
Temples ;
Maisons de quartiers ;
tentes mises à disposition ;
drive in pour les personnes à mobilité réduite ou ne pouvant se déplacer.
Pourquoi faire ce dépistage massif ?
- Identifier les personnes porteuses du virus asymptomatiques ou pas ;
- Isoler les individus infectés ;
- Permettre à chacun de savoir s’il est infecté ou s’il a été infecté par le virus ;
- Briser les chaînes de contamination ;
- Réduire au maximum le niveau d’infection dans notre pays
Comment procéder ?
Il s’agira d’administrer des TESTS ANTIGENIQUES qui permettent d’obtenir des résultats en moins d’une heure.
Les individus dont les tests sont positifs seront immédiatement pris en charge sur place par les agents de l’ILM ET le personnel des laboratoires d’analyses médicales privés qui disposent de l’infrastructure, du Personnel compétent et des réactifs PCR nécessaires à la détection de la COVID-19 mais ne sont toujours pas autorisés à le faire (monopole de l’hôpital et de l’ILM).
Chaque individu négatif se verra fournir une attestation de test négatif. Ceux qui seront contrôlés par les autorités sans cette attestation seront sanctionnés.
L’État a le devoir d’approvisionner et d’acheminer gratuitement les 280 000 tests antigéniques gratuits en les mettant à la disposition des polynésiens. L’État français a d’ores et déjà commandé 11 000 000 de tests antigéniques rapides au laboratoire américain ABBOTT pour une valeur unitaire de 4,20 Euros. ( 500 xpf soit deux fois moins cher que le prix d’un paquet de cigarettes) soit une dépense totale de 140 000 000 XPF hors transport aérien
Qui doit organiser et effectuer ces tests à grande échelle et avec qui ?
L’État doit protéger la population en réquisitionnant l’armée, les réservistes, les gendarmes, la police nationale. Ces fonctionnaires d’État qui doivent être mobilisés pour organiser dans chaque commune se chargeront des opérations et d’assurer le suivi logistique et la gestion des flux ;
- Les médecins, infirmiers, des dispensaires et hôpitaux périphériques seront mobilisés pour effectuer les tests ;
- les infirmières présentes dans les établissements scolaires seront sollicités pour administrer les tests ;
- les médecins de la CPS seront sollicités pour administrer les tests ;
- Les médecins et infirmiers libéraux seront sollicités pour administrer les tests ;
Les pharmaciens seront sollicités pour administrer les tests ;
Exemple : La ville anglaise de LIVERPOOL vient de tester 500 000 personnes grâce à l’aide de 2000 militaires en moins d’une semaine.
Priorité 2 : Isoler les cas positifs durant deux semaines pour rompre les chaînes de contamination :
- à leur domicile si les conditions d’accueil à domicile le permettent ;
- dans des unités d’accueils dédiées en particulier les structures d’hébergement hôtelière et maisons paroissiales en privilégiant les structures les plus proches du domicile des personnes positives.
Pour rappel la Polynésie compte dans l’archipel des îles-du Vent :
Tahiti : 8 établissements hôteliers comprenant 832 chambres pouvant accueillir simultanément 832×2 = 1664 personnes auquel il faudra ajouter certaines pensions de famille
Moorea : 8 établissements pouvant de 424 unités pouvant accueillir simultanément 828 personnes auquel il faudra ajouter certaines pensions de famille.
Priorité 3 : Assurer un suivi et un contrôle efficace de la population en particulier des cas contaminés
- Mise en place en urgence d’un système provisoire de traçage par téléphone de déplacement sur le modèle de CAREFIJI en coopération avec les opérateurs de téléphonie mobile ;
- Mise à contribution des gendarmes, policiers municipaux et militaires pour s’assurer que les individus positifs sont effectivement confinés dans leur domicile (appels téléphoniques impromptus, visites impromptues, suivi par géolocalisation).
Priorité 4 : Mise en « septaine » stricte de l’ensemble des visiteurs en provenance de l’extérieur (résidents ou touristes internationaux) et tests à la charge des visiteurs.
Pour préparer la relance touristique, lancer une campagne de promotion touristique qui permettra à chaque touriste qui se rendra en Polynésie de bénéficier de miles et réductions tarifaires conséquentes pour son deuxième séjour en Polynésie. ( cf. Maldives).
C’est à ce prix, M. le Président, que notre Pays pourra mettre un terme à l’évolution de la COVID-19, empêcher le confinement de toute sa population et arrêter le couvre-feu.
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