INTERVENTION
- Rapport n° 96-2015 du 26 août 2015
- Lettre n° 4498/PR du 31 juillet 2015
- Projet de délibération portant adoption du compte financier et affectation du résultat de l’exercice 2014 de l’établissement public administratif dénommé « Fare Tama Hau »
- Temps de parole : 13 minutes
- Intervenante du groupe U.P.L.D. : Mme Éliane TEVAHITUA
- Consigne de vote : Favorable
DOCUMENTS
Correspondance
Intervention
Questions écrites
COMMISSION PERMANENTE DU 03/09/2015
Rapport relatif à un projet de délibération portant adoption du compte financier et affectation du résultat de l’exercice 2014 de l’établissement public administratif dénommé « Fare Tama Hau »
Monsieur le président.
Te Fare Tama Hau est étymologiquement « la maison de l’enfant calme et paisible ».
Cet établissement public administratif créé par une délibération de notre assemblée en février 2004, annonce par son appellation officielle les missions qui sont siennes : coordonner et mener toutes actions de prévention et de prise en charge médicale, sociale et pédagogique pour protéger et aider les enfants, les adolescents et leurs familles.
Au cours de l’année 2014, les activités du Fare Tama Hau à Fare Ute enregistrent des baisses dans deux unités. Ainsi, la maison de l’enfant enregistre une diminution de 20 % des nouvelles demandes d’évaluation : 285 en 2014 contre 356 en 2013.
Il en est de même au niveau du nombre d’entretiens, de consultations et de médiations : 1 851 contre 2 278 en 2013. Quant à la maison de l’adolescent, elle enregistre aussi une diminution en 2014 du nombre de nouvelles demandes (757 contre 834 en 2013). Néanmoins, depuis son ouverture en juillet 2004, la Maison de l’adolescent a enregistré près de 5 000 dossiers d’adolescents et reçu 749 personnes pour un dépistage anonyme et gratuit du SIDA.
La Maison de l’enfant et la Maison de l’adolescent connaissent des fluctuations d’affluence car les personnels ne sont pas remplacés régulièrement et la nomination d’un nouvel agent en CDD est toujours très longue, trop longue.
Il est temps également de favoriser et prioriser les consultations déconcentrées des équipes médicales pour se rapprocher au plus près des communes et des familles polynésiennes. Quant à l’observatoire de l’enfant et de l’adolescent, il a été mis en sommeil car les postes de médecin épidémiologiste et de cadre social ont été supprimés.
La « ligne verte » est également arrêtée en raison du nombre d’appels de plus en plus faibles. De 29 000 appels en 2009, le nombre d’appels est passé à 239 en 2014.
Le Fare Tama Hau a proposé que la ligne soit hébergée à la Délégation à la famille et à la condition féminine.
Espérons que cette proposition soit entendue par Madame la ministre de la Famille. Les maisons de l’enfance représentent le plus important projet du Fare Tama Hau de ces dernières années.
Ces structures de prévention primaire s’attachent à prendre en charge les jeunes enfants de zéro à cinq ans et les parents qui ont des difficultés ; et cela avant que n’arrivent les problèmes. Elles réalisent des actions de soutien à la parentalité et des prises en charge d’enfants, car la période de zéro à cinq ans est une période décisive où tout se joue pour l’enfant.
La véritable prévention s’applique à cette période de la petite enfance pour prévenir l’inadaptation scolaire, les troubles du comportement, les différentes addictions, la violence, etc. Pour donner une idée des enjeux, le fait que certains enfants à cinq ans arrivent avec un bagage lexical de 500 mots alors que d’autres sont à 6 000 mots doit nous interpeller. Les deux maisons de l’enfance de Fa’a’â et Puna’auia ouvertes depuis un an fonctionnent pleinement à l’heure actuelle et approchent du seuil de saturation.
La maison de l’enfance de Puna’auia qui reçoit pas plus de 35 enfants en même temps est déjà à saturation. C’est le cas également de la maison de l’enfance de Fa’a’â où l’activité augmente d’une manière considérable bien qu’au début les parents avaient honte d’y venir.
Il est prévu que la maison de l’enfance de Taravao ouvre au 15 septembre, elle permettra de répondre aux difficultés des familles de la presqu’île. Quant aux maisons de l’enfance de ‘Uturoa et de Taioha’e, elles devraient normalement ouvrir en 2016 si un budget de fonctionnement de 15 millions par maison leur était alloué ; 15 millions étant le coût de fonctionnement annuel moyen d’une maison de l’enfance.
Je compte sur Madame la ministre pour nous donner des informations complémentaires à ce sujet. Pour en revenir à la gestion financière de cet établissement, la subvention allouée au Fare Tama Hau est en 2014 de 277 millions et en hausse comparativement à 2012 et 2013 où elle était de 203 millions.
Les dépenses de personnel de Fare Ute sont très importantes : 186 000 000 F CFP pour 30 agents. Soit une moyenne salariale mensuelle de 518 000 F CFP du fait de la présence de personnel médical. Comparativement, les maisons de l’enfance représentent des dépenses salariales de 12 millions en moyenne pour huit agents, soit une moyenne de 133 000 F CFP par agent.
Cet établissement —je parle du Fare Tama Hau— occupe une place indispensable dans l’organisation sanitaire et sociale de la Polynésie au vu de l’importance de ses missions, importance encore plus cruciale aujourd’hui dans le contexte de crise économique durable que nous vivons et qui est propice au développement des maltraitances intrafamiliales et des délinquances juvéniles.
Mais son organisation, et notamment son emplacement actuel à Fare Ute doivent être revus afin d’en faire un outil enfin efficace car accessible. Le Fare Tama Hau apparaît aujourd’hui comme une tour d’ivoire loin de tout.
Pourtant, avec 28 % des ménages qui ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté, les chiffres de la délinquance sont alarmants.
En 2014, les violences physiques ou atteintes volontaires à l’intégrité physique (AVIP) ont représenté 2 517 faits constatés. 10 homicides ont été commis au cours de l’année 2014. Parmi les AVIP figurent les violences intrafamiliales qui caractérisent principalement la violence en Polynésie française.
L’accent a été mis par les forces de l’ordre sur la prévention des violences commises dans la sphère familiale. Par ailleurs, 80 % des infractions sont liées à l’usage de stupéfiants. En 2014, ce sont 8 692 personnes qui ont été mises en cause par les services de police ou de gendarmerie, ce nombre a plus que doublé depuis dix ans.
Parmi les personnes ainsi mises en cause, 15,66 % de mineurs, chiffre en hausse par rapport à 2013 où il était de 13,95 %.
Ces chiffres alarmants justifient à eux seuls l’importance des actions de prévention, des soins et de la prise en charge pluridisciplinaire dispensées par le Fare Tama Hau.
Donc, je conclurai en disant que l’UPLD approuve le compte financier de cet établissement.
Je vous remercie de votre attention.
Mme Éliane TEVAHITUA