INTERVENTION
- Intervenante du groupe Tavini Huiraatira : Mme Éliane TEVAHITUA
- Rapport n° 56-2020 du 26/06/2020
- Lettre n° 2322/PR du 16/04/2020
- Temps de parole : 10 mn
- Consigne de vote : Favorable
DOCUMENTS
COMMISSION PERMANENTE DU 11/09/2020
Rapport relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier de l’exercice 2019 du « Musée de Tahiti et des Iles – Te Fare Manaha » et affectation de son résultat
Chers collègues,
Notre assemblée est sollicitée aux fins d’examiner le projet de délibération portant approbation du compte financier 2019 du Fare tama hau et affectation de son résultat.
Il n’est plus besoin de présenter cet établissement créé il y a 16 ans pour assurer la prévention et la prise en charge sociale et pédagogique des enfants, des adolescents et de leur famille, au moyen notamment de la Maison de l’adolescent et de la Maison de l’enfant de Papeete auxquelles sont rattachées les Maisons de l’enfance décentralisées de Faaa, Punaauia, Uturoa et Taiohae.
Ainsi, l’année 2019 a amené son lot de deux mondes supplémentaires au niveau des Maisons de l’enfance et de la Maison de l’adolescent. Dans la grande conurbation urbaine, le besoin a été exprimé de créer une seconde Maison de l’enfance à Punaauia, dans la zone populeuse de Outumaoro afin de repérer tous les dysfonctionnements du lien parent-enfant le plus précocement possible.
Or, les faits récents portant sur le décès tragique d’un nourrisson rendent, à mon sens, désormais impérieuse la création de cette deuxième Maison de l’enfance à Outumaoro.
A la Presqu’île, des élus municipaux, des associations, des principaux des collèges et lycées se sont exprimés en faveur de la délocalisation de la Maison de l’adolescent à la Presqu’île, délocalisation à laquelle la création d’une équipe mobile constituée d’une psychologue, d’une infirmière, d’un éducateur spécialisé et d’un agent social était censé répondre, jusqu’à l’inclusion sur la scène mondiale en janvier 2020 d’un virus émergeant le Coronavirus.
La crise sanitaire et économique qui s’en suivit a eu pour conséquence néfaste l’amputation de 138,4 millions du fonds de roulement du Fare tama hau, amenant la direction à geler ces postes récemment créés de l’équipe mobile.
A ce jour, l’établissement fonctionne au ralenti, jusqu’à la fin de l’année. En 2021, avec un fonds de roulement réduit à 18 millions, la viabilité du Fare tama hau se compte désormais en jour, soit 18 jours de fonctionnement avec le risque de suppression ou de non-renouvellement de leur agent ANT.
Lors de la commission du 23 mai dernier, tous les membres de ladite commission se sont émus de cette situation financière dégradée de l’établissement lui empêchant de mener à bien ses missions de prévention infanto-juvénile. Ils ont demandé à l’unanimité par courrier au ministre de la santé la réintégration des sommes imputées au budget de l’établissement.
Ce souhait de la commission trouve son origine dans la crise économique consécutive à la pandémie covidique que notre pays subit à l’instar des autres pays.
Le ralentissement, pour ne pas dire l’arrêt pur et simple de l’activité économique pendant la période de confinement, a généré des pertes d’emploi massive en Polynésie et relégué dans la grande précarité des milliers de familles.
Si l’on en croit le procès-verbal du régime des salariés réunis le 2 juillet dernier, la baisse de l’emploi salarié a commencé dès le mois de mars avec une perte de 950 emplois. Le mois d’avril confirme la forte chute de l’emploi avec 4 000 emplois perdus. En juillet, la CPS accuse un chiffre de 9 000 équivalents temps plein perdus.
Et que dire aujourd’hui, le gouvernement fait l’amère constat de 20 000 emplois fragilisés par cette crise, dont 3 000 risquent d’être supprimés d’ici fin 2020. Tous ces évènements, vous en conviendrez, sont générateurs de violences intrafamiliales ou de dysfonctionnements intrafamiliaux.
Pour diminuer cette violence intrafamiliale, les Maisons de l’enfance sont essentielles pour cultiver ce lien parent-enfant. Tout se joue dans la petite enfance. La Polynésie est encore loin de la politique de prévention des violences infantiles des pays nordiques où le congé parental de 12 mois est à partager entre la mère et le père, le congé paternel en France est de 11 jours et n’existe pas dans notre pays. Selon les rapports de TOMS, la période où il y a le plus de violences infantiles se situent entre 0 et 2 ans, ensuite entre 2 et 5 ans, puis entre 5 et 10 ans c’est-à-dire dans la petite enfance.
Lors du Conseil des ministres du 26 août dernier, Monsieur le ministre, une subvention d’investissement de 14 millions a été octroyée au Fare tama hau pour financer l’acquisition d’un véhicule aménagé destiné à la future équipe mobile.
Cela ne saurait suffire à défaut de pouvoir recruter cette équipe mobile constituée de quatre agents. Monsieur le ministre de la santé, votre gouvernement entend-il restituer intégralement les 138 millions amputés en 2020 de manière à permettre au Fare tama hau d’assurer convenablement ses missions ?
Qu’avez-vous à nous dire à ce sujet ?
D’autre part, entendez-vous prioriser dans le futur, en 2021 par exemple, la construction d’une Maison de l’enfance à Outumaoro ?
Pour conclure, le groupe Tavini huiraatira votera favorablement ce bilan financier du Fare tama hau et apporte ses encouragements sincères et son soutien au directeur et au personnel.
Mme Éliane TEVAHITUA