INTERVENTION
- Question orale du Groupe Tavini Huiraatira
- à Mme la Ministre de la famille et des solidarités
- 5e Séance plénière de la session budgétaire du 28 novembre 2019
- Objet : Travailleurs sociaux en nombre insuffisant et étudiants en formation
Madame la ministre,
A l’occasion de la séance budgétaire du 13 décembre 4082, vous répondiez à ma question orale relative à la mise en œuvre de la politique de la famille et annonciez poursuivre la réorganisation de la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité (DSFE) entamée en mai 2017 et ce conformément à l’évaluation des besoins en emplois, effectifs et compétences réalisée par la Direction de la modernisation et des réformes de l’administration.(DMRA).
Au vu de leurs. bilans d’activité, le rapport d’audit de la DMRA fait état d’un effectif insuffisant de travailleurs sociaux dans les neuf circonscriptions d’action sociale couvrant l’ensemble des archipels : il n’y en a que 45 dans le secteur de la polyvalence, 41 à la protection de l’enfance et quatre dédiés aux publics vulnérables (c’est-à-dire les personnes âgées dépendantes et handicapées).
Pour assurer correctement leurs missions, il met en exergue l’impérieuse nécessité de doubler les effectifs de la polyvalence et de la protection.de l’enfance, et de majorer de neuf postes le secteur dédié aux publics vulnérables.
En d’autres termes, de créer 90 postes supplémentaires de travailleurs sociaux.
Ces besoins estimés sont corroborés par les normes communément admises d’«. un travailleur social pour 3 500 habitants en polyvalence » et d’« un travailleur social pour 30 suivis en protection de l’enfance ».
Depuis 2019, consécutivement aux recommandations dudit rapport, 12 postes. d’assistants Socio-éducatifs dédiés à la protection de l’enfance ont été créés sur 24 demandés par vos soins.
Malgré cela, 80 postes de travailleurs sociaux manquent encore en circonscription.
Par ailleurs, ledit rapport s’inquiète de la pyramide des âges à la DSFE car 37 % de l’effectif a plus de 50 ans et pose à juste titre « la question du renouvellement des effectifs et des formations initiales à entreprendre immédiatement et sur les quinze prochaines années ».
Pour conserver les futurs diplômés, il préconise même « d’envisager un système de, recrutement par concours et titulariser le stagiaire à l’issue de la formation.
La formation vaudrait période de stage avec à l’issue une obligation de servir le Pays durant au moins cinq années,’ sauf à rembourser la formation ».
Pour pallier aux futurs départs à la retraite et pourvoir aux. besoins précités en travailleurs sociaux, la formation initiale des étudiants assistants de service social et des éducateurs spécialisés a été mise en place depuis septembre 2018 à partir de l’institut polynésien de formation sanitaire et sociale de la Croix Rouge française.
Les premières promotions devraient sortir dès juin 2021
Madame la ministre, pouvez-vous nous faire un état des lieux de la formation initiale de nos étudiants assistants de service social et éducateurs spécialisés depuis 2018 et des éventuelles bourses d’études qui leur sont allouées ?
Quelles sont les perspectives de formation sur 15 ans ? Et à supposer qu’il existât, quel est votre plan pluriannuel de recrutement de ces jeunes polynésiens diplômés d’Etat à partir de juin 2021 ?
Prévoyez-vous de programmer des concours à leur intention comme le recommande l’audit et comme le réclament les agents de la DSFE dans leur récent préavis de grève ?
Dans le cadre du projet de budget général du Pays pour l’exercice 2020, prévoyez-vous de créer des postes de travailleurs sociaux pour alléger le fardeau physique et psychologique qui pèse quotidiennement sur nos agents actuels, tout en privilégiant l’emploi local ?
Je vous remercie, Madame la ministre,- des réponses- que vous daignerez m’apporter.
Madame la représentante,
Comme je vous l’ai précisé dernièrement en commission, j’ai sollicité ces derniers mois un état des lieux exhaustifs des besoins prévisionnels à satisfaire en travailleurs sociaux sur l’ensemble du secteur social de notre Pays.
Un comité de pilotage dirigé par la directrice de la DSFE a immédiatement été constitué pour effectuer cette étude.
Un premier retour indique sur les 10 prochaines années un besoin en recrutement d’environ 107 agents titulaires relevant de la filière socio-éducative.
Outre les besoins en personnels exprimés par ce service, un état des lieux doit également m’être livré très prochainement s’agissant des associations œuvrant dans les établissements- des secteurs médico-socio-éducatifs de l’éducation et dans les services de la justice.
Parallèlement, et au-delà des seuls besoins en éducateurs spécialisés et en assistants sociaux, seront intégrés également les besoins en personnel de direction, titulaires du certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention sociale et du certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de service d’intervention sociale.
L’objectif essentiel à tenue de ces travaux est de définir une planification pluriannuelle réaliste des besoins à satisfaire en termes de ressources humaines.
En outre, à la rentrée 2019, un cycle de formation au diplôme d’Etat d’assistant social a été mis en place pour intégrer une quinzaine d’étudiants.A la rentrée de 2020, la formation de 15 éducateurs spécialisés et de 15 moniteurs éducateurs sera lancée.
Et pour la rentrée 2021, une promotion de 15 éducateurs spécialisés et une autre de 21 assistants sociaux seront qualifiés.
La contribution du Pays en matière de formation des travailleurs-sociaux est aujourd’hui déjà conséquente.
La DSFE bénéficie d’une enveloppe de 80 millions de F CFP pour le financement des plans de formation mis en œuvre par l’institut polynésien de formation sanitaire et social que nous remercions grandement pour la qualité des enseignements prodigués à nos étudiants.
Il reste bien évident que nous devrons prévoir, avec ma collègue en charge de la modernisation de l’administration, les concours administratifs pour l’entrée dans la fonction publique afin d’accueillir tous ces nouveaux professionnels de l’action sociale une fois qu’ils seront diplômés.
Pour rappel, 24 millions F CFP sont prévus au budget 2020 pour les bourses de nos étudiants en fin de formation en métropole, et 204 400 000 F CFP pour la formation continue de nos travailleurs sociaux sur le Pays.
Comme je vous l’ai déjà annoncé, mon ambition est également de développer la promotion des carrières professionnelles du secteur social auprès des jeunes étudiants polynésiens.Il nous faut en effet susciter les vocations nécessaires au comblement des carences relevées.
C’est pourquoi un plan de communication dédié sera élaboré en ce sens pour l’année 2020. Enfin, bien que la mise en place d’un plan de recrutement pluriannuel soit incontournable, il y aurait également d’autres façons d’être plus efficace sans pour autant n’avoir recours systématiquement qu’à des moyens humains supplémentaires.
Par exemple, la définition des tâches des personnels administratifs, secrétaires notamment, gagnerait à être plus pointue.
L’allègement des procédures, la simplification des formulaires, la mise en place de réunions collectives sont d’autres moyens à disposition qui permettraient de tendre vers une réorganisation de la DSFE beaucoup plus efficiente. L’objectif sera alors de favoriser l’action essentielle des travailleurs sociaux qui se situe dans l’écoute, le dialogue et la prise en charge humaine.
La performance de l’action sociale sur l’ensemble de la Polynésie française est incontournable et les Polynésiens la mérite amplement.
Nous mettrons donc eh œuvre les moyens pour y arriver.
Je vous remercie pour votre attention
Mme Isabelle Sachet